Hier nous avons dû dire au revoir à Lucien, petit bonhomme de la rue qui en quelques jours seulement a su ravir nos cœurs et est devenu notre « Lulu ».
Lulu, le petit malheureux de la rue, avec sa petite langue toujours sortie. Mâchoire jadis cassée ? Qui le saura…… Lulu était dehors à venir se nourrir le soir avec une petite colonie de chats dits errants. Errants oui, lorsqu’ils se faufilent dans le noir de la nuit, ou sous le soleil trop fort de l’été, ce soleil qui accentue leur soif ; soif d’eau comme d’une vie meilleure, d’un lit plus doux que le sol de la rue. Oh Lulu n’avait d’errant que le chemin de ses pattes fatiguées, pour sûr, ce loulou avait eu une maison, pour sûr, il avait connu l’abandon……… Car notre petit Lu s’est montré de suite sociable, et tellement reconnaissant ! De son regard d’une tendresse infinie, il a été évident pour nous tous, qu’il nous disait merci. Merci de l’avoir sorti de la rue où il n’avait trouvé pour réchauffer son petit corps malade que les spots au sol, au devant d’une chapelle. Alors nous l’avons pris avec nous, et tenté de le soigné. Mais voilà, Lulu le ptit Lu était gravement malade. D’abord une opération pour lui ôter les dents malades qui l’empêchaient de s’alimenter correctement, puis, les vomissements, et les analyses sanguines catastrophiques. 🙁 Mais nous avons voulu y croire car ce petit amour retrouvait l’appétit, montrait comme une envie de vivre attisée par nos caresses, comme s’il avait compris qu’on voulait qu’il reste avec nous. Il a réapprit à ronronner, à pattouner, à se mettre sur le flan pour des câlins. Puis la rechute, l’apathie, la mort que l’on sentait déjà rodant, mais que nous voulions combattre. Une fa merveilleuse l’a attendu, et notre Lulu est revenu, comme requinqué, comme s’il avait compris tout notre amour. Il s’est rempli d’amour et nous en a donné tellement, oui tellement…..
Puis la rechute, la faiblesse, la perfusion…… mais ses reins étaient déjà totalement détruits par la dureté de sa vie 🙁 Trahi par son corps alors que de toute évidence son cœur et son esprit voulaient vivre, notre Lulu d’amour nous a quitté, doucement, discrètement, comme le petit chat de la rue qu’il était, croisé par tout le monde, regardé par certains, aimé par beaucoup.
Je me souviens si bien de la première fois que je t’ai rencontré mon Lulu, c’était le jour du marché et tu marchais discrètement près des étales ; je sortais de la mairie et tu venais de traverser la rue, comme pressé par la peur de cette animation urbaine. Tu as frôlé mes jambes et je n’avais alors plus vu que toi dans cette rue agitée ; petite silhouette famélique au milieu des bons vivants. Comment faisaient-ils pour ne pas te voir ? Comment faisaient-ils pour ne pas s’arrêter ? Te regarder, te parler, t’aider…….. Toi et ta petite langue tombante, toi et ta respiration si difficile, toi et tes reins malades qui te condamnaient en silence, toi mon Lulu qui a ému tout le monde par la bonté de ton regard triste, petit chat abandonné mort à petit feu, et qui au moment de ton ultime départ venait de retrouver la douceur d’une vie que tu avais il y a si longtemps eu et perdu.
Mon Lulu tu es tous ces petits malheureux qui se faufilent discrètement dans nos ombres, n’osant même plus espérer que la lumière de nos consciences viendront réchauffer vos corps si fatigués, vos vies si lassées par tant de solitude dans les épreuves. Tous ces chats dits errants qui sont de tristes abandonnés, des petits mal-aimés qu’il ne tient qu’à chacun d’ aider. Une petite écuelle d’eau, un peu de pâtée, un abri pour se protéger l’hiver. D’où qu’il se trouve aujourd’hui, sûre que notre Lulu nous crie « aidez-les ! Pensez à moi et aidez-les ».
Pour toi mon Lulu……
Lulu dans ses tous derniers jours, tellement heureux d’avoir de l’amour, il faisait de gros gros câlins.
Lulu faible mais content, avec le pansement de sa perfusion
Lulu et son regard magnifique, sa petite langue toujours sortie
Lulu mon beau Lulu, que j’aurais tant aimé voir adopté, pour quelques mois au moins…..